Finalement, nous entrons dans la première écluse à la tombée de la nuit. Nos quelques photos seront-elles bonnes ? Quel dommage de faire ça de nuit ! Cependant, c’est très joli, avec les éclairages de travail, le manège des trains, des autres bateaux. Quelle usine bien rôdée ! C’est impressionnant de pénétrer ce morceau d’histoire : l’aventure Lesseps, le passage entre les deux immenses océans… Et puis la manœuvre, les ordres brefs, efficaces et tendus donnés par le pilote et repris par le commandant à l’adresse de son mécanicien : « Midship »… Les 60 000 tonnes de Letitia ne se pilotent pas comme une Renault 5 ! Maintenant, ça va assez vite, et à 10 h on est au lac (dont les eaux alimentent les écluses, et limitent par le fait le nombre d’éclusages possibles), magnifique sous la pleine lune, parsemé d’îles, cerné de forêts qu’on devine profondes, exhalant une senteur terrestre puissante. A 11 h, c’est l’entrée du Canal proprement dit, balisé de rouge et de vert. Puis on va se coucher après avoir recueilli quelques confidences du radio grec, qui nous révèle entre autres qu’il y a des transats de pont. Je mets le réveil à 2 h, mais on est réveillés par la trompe de bord signalant la fin du passage : 5 h. je vais admirer la baie de Panama, les navires nombreux qui attendent leur tour pour retrouver l’Atlantique ? C’est fini, nous quittons la rade… En route pour la traversée de l’immense Océan qui s’ouvre à nous ! Dimanche 8 février, à bord de Letitia, Gérard Surprise en ouvrant les rideaux : la terre à quelques encablures, quand nous nous croyions en plein Pacifique ! Il s’agit d’un cap au sud du Panama, que l’on doit contourner. On se fait de fausses idées sur la géographie, sans regarder les cartes ; le quiz à la mode à bord : comment évolue la longitude lorsqu’on traverse le canal ? Nous tombons évidemment dans le piège : on ressort plus à l’Est qu’on est entrés : le Canal est percé dans une partie de l’isthme qui revient vers l’Est… Je discute avec les marins, le navigateur me montre son radar. Le choix entre le « big circle » (la route la plus courte, le long de l’Equateur) et la route sud n’est pas encore fait. Je suppose que ça dépend de la météo, et du fameux courant équatorial que l’on aura dans le nez. En attendant, on fait plein Ouest. Le commandant nous parle du Panama, je discute longuement avec le mécano. Décidément les marins sont sympa, sur ce rafiot. A14 h 15, changement de cap : on fait maintenant route au sud-ouest. Ce sera donc la route sud. Un peu plus tard, Stellakis (le radio) m’explique qu’on va tirer droit sur le détroit qui sépare l’Australie de la Nelle Guinée. Ce qui nous fait passer à côté des Galápagos, des Marquises, de Tahiti. Le navigateur au béret, le plus causant, me donne un autre son de cloche : route parallèle à l’équateur, arrivée aux Célèbes par le nord (entre les Célèbes et les Philippines, haut lieu de la guerre du Pacifique…). Quoi qu’il en soit, la mer (que dis-je, l’Océan !) devient plat comme aucun lac ne l’est, il fait très beau et une température idéale. Le soir au cinéma : « Trinity », un beau western facile à comprendre. Notre anglais progresse. Puis longue séance de bronzage au clair de lune sous les étoiles, sur le pont supérieur. ../..
Menu général Menu général
Carnet
Sur le Pacifique
../.. ../.. ../..  ../.. ../.. ../.. <--- <--- Carnet de route Carnet de route Noir et Blanc Noir et Blanc Photos couleur Photos couleur