interminables où soudain le car démarre sans crier gare, et il faut remonter en marche… on commence à crever de faim et de soif, et je regrette amèrement d’avoir méprisé les beignets vendus à l’arrêt précédent. Vu l’heure, on se couchera sans manger. A 11 h moins le ¼, c’est enfin Bénarès. Ou plutôt l’arrêt de bus de Bénarès. Et ce sont de longues discussions pour savoir où se trouve le KMM {de quoi donc s’agissait-il ? de l’auberge que nous visions ?}. Est-elle au centre ? Oui selon le guide, non selon le rickshaw. Celui-ci nous accompagne finalement au « Puspanjali », dans le quartier de Lahurabir, et là c’est le pied : maître d’hôtel stylé genre club anglais, chambre propre sans rats, douche fraîche et repas sur la terrasse en toiture, avec bière fraîche elle aussi. Le pire n’est jamais sûr, même en Inde. Samedi 19 juin, Bénarès, Martine. Hôtel Puspanjali, Lahurabir. Les 25 rps la nuit, c’est après un âpre marchandage ! Au 3° étage, ça baisse à 20 rps. Lever tardif {on ne dit jamais ce que c’est : « tardif ». En Asie, on ne peut guère faire la grasse matinée, à cause du bruit de la vie, et « tardif, ça fait généralement 7 h…} et petit déjeuner en chambre. On se sent bien retapés par une bonne nuit. Un conducteur de rickshaw super sympa nous transporte dans une fabrique de brocards du quartier musulman, au travers de ruelles sombres. Là, il y a pléthore de petites échoppes d’artisans, fabriques installées dans de minuscules pièces peu éclairées, ce qui semble peu rationnel pour ce travail minutieux. L’Inde traditionnelle ; la plupart n’emploient qu’une ou deux personnes sur des métiers entièrement manuels. Toujours sous la conduite de notre chauffeur, Ramesh, nous visitons cependant une grande fabrique d’une dizaine de métiers. Là, les machines ont intégré des automatismes à cartes perforées, mais qui fonctionnent à la force des bras et sans électricité. Le métier Jacquard en somme. Le tisseur fait circuler la navette, inverse la trame, tasse les fils de chaîne, tout ça à la main avec des outils de bois. Sur sa demande, j’essaye de l’imiter, mais le geste ne s’invente pas, et je me rends vite compte que je vais lui pourrir son ouvrage. Puis c’est le déballage des produits : fastueux brocards bien tentants… Mais que faire de ça pendant le voyage ? Et une fois rentrés ? Je ne me laisse donc pas tenter par les grands ouvrages ; mais je craque pour deux modestes foulards carrés. Nous rentrons à pieds vers la ville, et nous votons un arrêt et une douche (pas du luxe !) à l’hôtel. Nous ressortons, et nous sommes assaillis tous les 10 mètres par des « rabatteurs » qui veulent nous emmener chez leur père, leur oncle, leur cousin… fabricant de soieries, en jurant leurs grands dieux que « c’est juste pour le plaisir de regarder »… On finit par se laisser tenter (convaincus, ou usés ?) par l’un d’eux qui nous a fait miroiter un thé et nous a promis de nous guider pour assister à des crémations au bord du Gange. Redéballage de soieries et brocards tous plus beaux les uns que les autres. J’achète de nouveau quelques foulards pour moi-même et pour quelques menus cadeaux. Nous parcourons ensuite des ruelles très étroites toutes bordées d’échoppes lilliputiennes où l’on vend pêle- mêle : bétel, charbon de bois, des fruits, du riz… les rues sont encombrées de gens qui déambulent, affairés ou nonchalants, mais toujours avec