C’était comment, voyager dans les seventies ?
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Nous voulons les transports en commun, meilleur moyen de rencontre des gens, les hôtels pas chers par nécessité, la liberté de rester le temps que nous voulons à chaque étape. La liberté de choisir l’étape suivante… Et nous avons, comme tous les Routards, des milliers d’images dans la tête, à confronter avec les réalités. Et puis la mer ? Faire le tour du monde en gommant les océans en quelques heures ? Pas question. Marin amateur mais marin de cœur, je tiens à mesurer de mes sens la dimension de l’Océan Pacifique ! C’est décidé, ce sera donc à pieds, en bus, en train… et en bateau. Sac au dos. Reste à préparer les modalités administratives. Il faut des visas. Partout. Le « village global » est un concept qui n’existe pas encore ; même pour l’Angleterre, il faut un passeport ! Et très vite, nous comprenons que ces visas sont aisément accordés à ceux qui voyagent « normalement » : avec un billet d’avion aller-retour, une adresse, une durée connue… Nous n’avons rien de tout ça. Aucun visa ne semble possible ; doit-on abandonner ou partir dans l’inconnu ? Nous choisissons la seconde solution. Un aller-retour pour le Canada, un visa touristique, et pour la suite, on verra bien. Le billet Montréal Paris sera revendu sur place, après obtention du visa pour les Etats Unis. C’est donc sans la moindre étape prévue, et sans le moindre préparation administrative que nous quittons la France. Et puis l’argent… En 1975, la France contrôle les sorties de devises (4). La limite est de 5 000 Francs de l’époque (5). Très insuffisant. La carte de crédit internationale balbutie, elle ne permet pas de tirer de l’argent aisément ; et le contrôle des changes l’interdit ! Peut-être dans les agences centrales d’une banque française, nous dit-on… Dans les capitales, peut-être… Pas très rassurant !