revoilà l’immense mer, vide.
La journée sera encore coupée de l’hebdomadaire « fire drill » : dans la marine US, on ne badine pas avec les réglements ! Chacun répète son
rôle : qui son moteur d’embarcation, qui sa pompe à incendie… Nous : l’itinéraire pour rejoindre notre chaloupe.
Une nuit, nous découvrons en allant nous balader jusqu’à la proue de Letitia, un point rouge incandescent… il y a là un marin de guet, qui nous
apprend que la veille est assurée toutes les nuits, quel que soit le temps… dès fois qu’un radeau ou un naufragé fasse du stop ! Sur l’Océan vide!
Le soir, cinéma, où l’on retrouve les membres d’équipage désormais familiers. Ce soir : « The first time », une resucée de « Un été 42 ». Jeu de
dés, petit en cas de toasts au peanut butter…
Mercredi 18 février, à bord de Letitia, Gérard
La routine. Vent dans le dos, donc calme plat sur le pont ; la mer se calme, nous dormirons peut-être dans nos lits cette nuit… Le navigateur me
passe une superbe carte où il a soigneusement tracé notre route. Il m’explique que nous passerons sans doute par l’Est de Sulawesi. Le soir,
nous sommes fidèles au rendez-vous du rayon vert, probable vu le temps. Nous ne sommes pas les seuls, cinq ou six marins s’y intéressent
aussi ; malheureusement, au dernier moment le soleil disparaît derrière un nuage sur l’horizon… Il faut vraiment des conditions
exceptionnelles pour avoir la chance de voir ce phénomène. Nous avons passé une bonne partie de l’après midi à l’extrême pointe de la
proue, là où ne parvient aucune vibration, et où l’on n’entend que le frôlement de l’étrave qui fend l’eau du Pacifique. On peut se croire ici
sur un gigantesque voilier… Nous formons des centaines de projets de voyage (en bateau).
Jeudi 19 février, à bord de Letitia, Gérard
Aujourd’hui, avec l’aide d’un officier, je m’entraîne aux relevés de sextant. Pas évident, même sur le pont stable d’un grand navire sur une mer
calme…
Le soir, toujours pas de rayon vert. En revanche, le plancton étincelle de mille feux dans le sillage de Letitia et le long de ses flancs.
Féerique !
A minuit, nous franchissons le 180° : pas de vendredi 20 février, pour nous ! nous voici membres de la confrérie du « Golden Dragon », et
d’ailleurs le commandant nous remet un diplôme en bonne et due forme. {Où diable est passé ce fameux diplôme ?}
Samedi 21 février, à bord de Letitia, Gérard puis Martine
Temps bouché, du vent, il fait lourd et humide. On doit doubler ce soir les Gilbert Islands : décidément, l’Océan n’est pas vide ! Le cap a été
légèrement modifié pour passer à proximité. Je comprends que ça leur permet de contrôler de visu la position.
Cela se passe vers (???) H ; mais à part quelques lumières sur l’horizon, nous ne voyons pas grand-chose des Gilbert…