Dimanche 22 février, à bord de Letitia, Martine
Le temps reste couvert, mais il fait toujours aussi chaud. Dans l’après midi nous essuyons un orage mémorable. Prélude sans doute à ce que
nous aurons quotidiennement en Indonésie ?
Film sur les hordes barbares contre les légions romaines : très moche !
Je termine mon quatrième livre de voyage : « L’amant de Lady Chatterly ». Il y a eu « 1984 », « Les voyageurs de l’impériale » et « Les
célibataires ». Comme c’est agréable de pouvoir lire confortablement après ces mois de pérégrinations précaires !
Lundi 23 février, à bord de Letitia, Gérard
Nous attaquons la dernière semaine. Le temps reste instable, la mer très calme, très peu de vent. Le bateau trouve le moyen de rouler quand
même un peu, suffisamment pour faire battre sans cesse les portes des coursives mal assujetties. L’Océan est parsemé de petits orages
équatoriaux (petits en diamètre et en apparence !) que l’on devine très bien, couronnés de leur petit cumulo-nimbus qui grimpe très haut dans
le ciel et surplombe un cylindre très sombre de pluie dense. De temps à autres, on en traverse un, et c’est la cataracte sur les ponts ! Mais pas
l’ombre d’un « water spout », ces trombes que l’équipage semble redouter…
Jeudi 26 février, à bord de Letitia, Gérard
Insensiblement, le trait de crayon, sur la carte, s’est allongé. Il raye maintenant toute l’étendue de l’Océan Pacifique : nous voici déjà au cœur de
l’Océanie. Il nous tarde maintenant d’arriver, et nos esprits sont déjà en Asie. Notre lexique de javanais s’est peu à peu enrichi, grâce au
petit dictionnaire acheté à la Nouvelle Orléans, et que nous avons un peu pioché à bord.
Aujourd’hui, la route du navire s’est infléchie au sud, et a quitté le cap 275° qu’elle suivait inexorablement depuis 18 jours. Et nous entamons un
gymkhana entre les îles désormais innombrables.
Samedi 28 février, à bord de Letitia, Gérard
Au réveil, ce n’est plus une île ! Nous longeons maintenant le pied droit de Sulawesi.
Alors nous commençons à ranger nos affaires, tristement comme à chaque départ, davantage cette fois-ci après tout ce temps sur « notre »
navire avec « notre » équipage…
Nous décrochons les cartes où patiemment, pendant trois semaines, au rythme de la mer, nous avons suivi le chemin obstiné de Letitia. Les
événements s’accélèrent : à 12 h 35 sonnantes, comme le fait remarquer le « second mate » qui l’avait calculé et prédit, nous passons entre le