pied gauche et la longue île qui le prolonge au sud. Nous bouclons les sacs sans savoir très bien ce qui va se passer désormais et quand. {Apparemment, personne ne le sait à ce moment, le commandant doit tenter de prendre contact avec les autorités indonésiennes…} Tout le monde est nerveux, notre ami Patrocle surtout, qui nous a mitraillés de son beau Polaroïd toute la soirée d’hier… Eux aussi sentent approcher un moment particulier. Le navire décrit une grande orbe sur tribord. Puis Macassar {on disait encore comme ça, en 1976 !} apparaît et s’approche lentement. Déjà on en aperçoit de grands immeubles au nombre de un. Quelle ville va-t-on découvrir ? L’agitation grandit lorsque la grande ancre est mouillée sur l’avant. Sacs bouclés, nous arpentons nerveusement les coursives, ne sachant si nous descendrons ce soir ou demain, le souhaitant et le redoutant à la fois… A tout hasard, nous serrons des mains, nous notons des adresses, tandis que la nuit équatoriale s’approche à grands pas. Enfin, une petite vedette arrive, et quatre types montent à bord. Mais la situation semble ne guère se débloquer pour autant ! Quand tout à coup le commandant vient à grands pas nous prévenir que nous débarquons incessamment. Patrocle et l’un des marins nous prêtent main forte pour descendre l’échelle de coupée le long du flanc sombre de notre navire, et lorsque la vedette s’écarte du grand bateau immobile où tout le monde nous fait signe depuis la passerelle, nous avons tous deux les larmes aux yeux. La Letitia est magnifique, arborant tous ses feux et toutes ses lumières dans le crépuscule de l’Asie, au repos sur l’eau noire de la baie après son long périple, maintenant silencieuse et puissante, ses grands mats se découpant sur le ciel équatorial qui nous salue d’un incendie orangé. Je ne peux m’empêcher de songer à la scène de mouillage du Pachacamac dans « Tintin et l’oreille cassée ». Sur l’autre bord, l’inconnu. Une ville sombre, des gens que dont on ignore tout, une terre aux antipodes de la dernière terre que nous avons foulée… Une langue imperméable, découverte dans les livres, mais que nous n’avons encore jamais entendue… Au milieu, sur le pont de la vedette, nous deux, un peu (beaucoup) perdus, nous raccrochant aux agents de la compagnie, qui eux parlent anglais. Puis nous voilà dans les bureaux de la douane, c’est samedi soir, il est 7 h, et ça promet de durer. Nous sommes patients, et nous discutons le bout de gras avec le chef de bureau, un chinois très jovial, qui semble tout connaître.
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